Mastiquer, c’est bon pour la santé

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Firefly Un visage humain en profil, où l’on peut voir un schéma de la mastication. À l'avant-plan, d

Pour mastiquer, il ne suffit pas d’avoir des dents, il faut surtout avoir des dents qui fonctionnent bien.  

Cela veut dire :  

  • Des dents qui s’emboitent bien pour écraser les aliments, 
  • Une mâchoire qui a la possibilité de bouger librement pour broyer les aliments, 
  • Une langue qui joue le rôle de chef d’orchestre en déplaçant la nourriture de droite à gauche pour parfaire l’insalivation des aliments.  

Pouviez-vous imaginer qu’autant d’acteurs entraient en œuvre pour une mastication parfaite ?  

Les premières mastications sont si importantes ! 

La manière dont nous mastiquons est prédéterminée par nos premières expériences de mastication, qui se font dès l’enfance.  

Un bébé qui ne mange que des purées ou des aliments hachés, même quand il a toutes ses dents, risquera d’être un adulte, qui ne mastiquera pas assez et qui avalera des aliments de consistance trop dure. Cela deviendra une habitude, car on s’habitue à une consistance donnée du bol alimentaire. Le réflexe de déglutition se déclenche dès que le bol alimentaire atteint cette consistance de référence. Cet adulte n’aura même plus conscience qu’il avale des morceaux trop gros.      

La mastication se fait par un développement musculaire 

La mastication n’est pas un acte spontané. Ce n’est pas parce que l’on a des dents que l’on se met systématiquement à mâcher, à chaque fois qu’un aliment vient dans notre bouche. C’est la texture des aliments et la présence de morceaux qui déclenchent le réflexe de mastication, déclenchant par la même occasion, un surplus de sécrétion salivaire. La langue se positionne verticalement, la pointe appuyée sur le palais, et se mobilise à droite et à gauche pour déplacer le bol alimentaire, afin de le mélanger à la salive, pour une prédigestion.  

Une langue qui tète, fonctionne de manière beaucoup plus horizontale, avec un mouvement d’avant en arrière. Dans ce cas-là, elle est associée à une crispation des lèvres et des joues, avec une propulsion de la mandibule. Ce mouvement participe d’ailleurs à la croissance antéropostérieure de la partie inférieure du visage. (voir ci-dessous) 

Le passage de la succion à la mastication se fait par une modification du fonctionnement musculaire. Lors de la succion, ce sont les muscles faciaux, innervés par le nerf VII, qui mobilisent la mandibule. Après l’apparition des premières dents de lait (incisives), c’est le muscle masséter, innervé par le nerf V qui prend le relais. Lors de la mastication, les lèvres ne se crispent plus lors de la déglutition, car c’est la langue qui envoie le bol alimentaire au fond de la gorge. C’est pour cela que la langue passe de la position horizontale à la position verticale, participant à la croissance latérale de la partie médiane (pommettes et orbites) du visage.  

La mastication participe à la croissance du visage 

Lorsque la mastication se met en place, c’est surtout la croissance maxillaire qui est stimulée. L’os du palais s’élargit grâce à une bonne mastication. Cela participe également à la croissance des sinus maxillaires, des cavités orbitales, ainsi que des narines, permettant ainsi une bonne respiration nasale.  

Le manque de mastication est une des grandes causes de malpositions dentaires, par manque de place pour les dents définitives, remplissant les cabinets d’orthodontie.  

La mastication agit sur le cerveau 

Les conséquences d’un manque de mastication sont évidentes sur la digestion, mais on les connait moins au niveau du cerveau. En effet, de nombreuses études ont montré que les personnes qui avaient une faible capacité masticatoire, soit par habitude, soit par manque de dents, avaient des tests cognitifs avec des scores plus faibles. En effet, la mémoire, l’association des chiffres et des symboles et la fluidité verbale sont bien plus élevées chez les personnes qui ont une bonne dentition et qui savent l’utiliser pour bien mastiquer.  

La mastication participe également au développement du système nerveux central. Elle participe à la formation des neurones, la neurogenèse, et stimule l’activité neuronale au niveau de l’hippocampe où siège la mémoire et la navigation spatiale. Elle stimule les fonctions d’apprentissage. Une bonne mastication améliore les résultats scolaires et prévient la maladie d’Alzheimer. 

Conseils pour apprendre à bien mastiquer 

  1. Il est important de bien positionner son bébé pour la tétée  

On a vu précédemment comment la succion participait à la croissance antéro postérieure de la mandibule. Pour que cela se produise, il est important de mettre l’enfant dans une position orthostatique (position assise), afin de permettre cette propulsion mandibulaire lors de la tétée. L’enfant doit téter assis, dans une position presque verticale, la tête à l’horizontale, voire légèrement inclinée vers l’arrière. Il doit aller chercher le téton ou la tétine du biberon en propulsant sa mandibule et en créant ainsi un étirement des muscles du cou.  

Nourrir un bébé en position couchée, à l’horizontale, en double menton, est une aberrance physiologique. Cela bloque la croissance musculaire et osseuse. Les enfants auront donc un menton en arrière et une mâchoire du bas plus petite que celle du haut, avec des profils bien particuliers.  

  1. L’alimentation diversifiée devra rapidement intégrer des morceaux 

Pour déclencher le réflexe de mastication et accompagner toute cette transformation anatomo-physiologique, l’alimentation diversifiée devra, très rapidement, intégrer des morceaux. Les purées ne seront plus mixées, mais les légumes seront écrasés à la fourchette. Il faudra laisser à l’enfant le temps de mastiquer et de bien réduire son alimentation en bouillie grâce à ses dents naissantes. Cela permet ainsi, au bol alimentaire, d’être bien imprégné de salive, qui contient tous les enzymes de la prédigestion.  

Dès cet âge, l’enfant intègre, au niveau de son cerveau, un rituel de mastication. Il met en place une durée moyenne de mastication et une consistance moyenne du bol alimentaire, avant de déclencher le réflexe de déglutition. Cette habitude est engrammée au niveau neuronal et restera un mode de mastication qu’il conservera toute sa vie. Seule une rééducation consciente, à l’âge adulte, pourra améliorer la qualité de la mastication, si elle a fait défaut dans les premières années.  

  1. Trouver des astuces pour prendre le temps de bien mastiquer 

Chez les enfants, rien de plus simple. Mettre dans la purée de tout petits morceaux au départ et augmenter le diamètre progressivement. Laisser du temps à l’enfant pour mastiquer et s’approprier ses nouvelles sensations.  

En revanche, chez l’adulte qui ne mastique pas assez, c’est toute une rééducation. Il faut reprendre les bases au départ : coupez tout ce que vous mangez en morceaux et allez-y doucement une fois à droite, une fois à gauche et repassez le bol alimentaire de droite à gauche plusieurs fois pendant tout le cycle de mastication.  

Contrôlez la déglutition, n’avalez pas tant que le bol alimentaire n’est pas presque liquide. Si vous rencontrez des difficultés à bien écraser les aliments, soit à cause d’une douleur dentaire ou gingivale, soit à cause de dents qui ne sont pas assez efficaces, prenez un rendez-vous chez votre dentiste pour lui en parler et régler ce problème. En effet, pour bien mastiquer, il ne faut pas avoir de douleurs et il faut que les dents s’emboitent bien les unes avec les autres afin de créer cette situation de pilon/mortier qui va broyer les aliments.  

  1. Le test pour évaluer votre capacité masticatoire 

Le test se fait en mélangeant un chewing-gum vert avec un chewing-gum jaune et en le mastiquant 20 fois. On peut ainsi évaluer la capacité masticatoire en fonction de l’homogénéité du chewing-gum après mastication. On peut aussi évaluer l’amélioration de la mastication, après les soins dentaires, en reproduisant ce test.  

Une bonne mastication ralentit la prise de poids 

Voilà une bonne nouvelle pour encourager tout le monde à bien mastiquer : la mastication active une zone spéciale du cerveau responsable de la satiété, qui est le fait de ne plus avoir faim. Donc, une mastication efficace permet de perdre du poids, ou en tout cas de moins en prendre !  

En conclusion  

Mastiquer en conscience va donc bien au-delà des bienfaits alimentaires. Tout se met en place dans les premières années de la vie. Nous avons vu qu’ensuite les perturbations anatomiques et physiologiques peuvent être irréversibles, mais qu’une rééducation intense peut tout de même apporter d’excellents résultats d’amélioration.   

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