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ToggleLes bienfaits de l’activité physique et du sport sur notre organisme
Nous avons décrit, à de nombreuses reprises, les méfaits de nos vies sédentaires sur notre métabolisme : augmentation de l’hypertension artérielle, de l’obésité, des maladies cardiovasculaires, de l’ostéoporose…
Tout est fait pour réduire l’activité physique, que ce soient nos déplacements en voiture, notre travail de bureau, la mécanisation qui nous épargne les travaux de force, etc. Cette activité physique est pourtant essentielle au bon fonctionnement de notre corps et de notre système immunitaire.
Quel est le rôle du système immunitaire ?
Ce système identifie tout élément étranger potentiellement nuisible à l’organisme. Il met alors en place les défenses adéquates pour pouvoir l’attaquer et le détruire. On parle d’immunité innée et d’immunité adaptative acquise, qui fonctionnent de façon coordonnée. Quand un agent pathogène pénètre dans l’organisme, l’immunité innée déclenche son action. Si elle n’est pas suffisamment puissante, l’immunité adaptative prend le relais pour combattre l’infection. Une fois l’agent infectieux vaincu, l’organisme conserve en mémoire ses caractéristiques, afin de pouvoir lutter plus efficacement et éviter toute probabilité de nouvelle infection.
La vaccination préventive se base sur ce principe en administrant, à une personne en bonne santé, une forme atténuée ou inactivée d’un agent infectieux. L’objectif est de déclencher une réaction immunitaire suffisante pour protéger l’individu vacciné contre les formes sévères d’une maladie.
L’exercice renforce la fonction immunitaire
L’entraînement physique, caractérisé par une répétition structurée des exercices, avec un rapport effort/récupération équilibré, à raison de 3 à 4 séances par semaine, renforce le système immunitaire via une augmentation significative du nombre de globules blancs dans le sang.
Ainsi, l’activité physique renforce notre immunité via une augmentation des macrophages et des lymphocytes*. L’individu est alors mieux protégé à court et moyen termes. Signalons toutefois que sport et immunité sont liés par une courbe dite en « U » inversé ou même en J. Ceci veut dire que l’activité physique modérée est positive, alors que le manque d’activité tout comme une activité intense dépriment le système immunitaire et favorisent l’entrée d’agents pathogènes.
Axe vertical : Risque d’infection respiratoire
Axe horizontal : Niveau d’activité physique (quantité et intensité)
Courbe en J de Nieman (1983)
*Rappel globules blancs ou leucocytes
Ils sont synthétisés au niveau de la moelle osseuse. On distingue les granulocytes, les lymphocytes (B, T et NK), et les monocytes (macrophages et cellules dendritiques).
Ils interviennent dans la réponse immunitaire innée et la réponse immunitaire adaptative.
La réponse immunitaire innée est la première réponse de l’organisme lors d’une agression par des agents pathogènes. Elle fait intervenir plusieurs globules blancs dont :
- les macrophages, qui ont un rôle de phagocyte, c’est-à-dire qu’ils sont capables d’ingérer et de détruire les agents pathogènes,
- les cellules NK (K comme Killer), qui interviennent dans la destruction des cellules altérées,
- les éosinophiles, qui luttent contre les infections parasitaires,
- les basophiles, qui participent à la réponse inflammatoire,
- les cellules dendritiques, qui permettent l’activation de la réponse immunitaire adaptative.
La réponse immunitaire adaptative fait suite à la réponse immunitaire innée. Elle est non-immédiate et se base sur une reconnaissance des agents pathogènes. Cela implique une mémorisation de ces agents pour une attaque ciblée en cas de nouvelle agression. Ce système de défense fait intervenir :
- les lymphocytes T, qui permettent de maintenir la réponse immunitaire et de détruire les agents pathogènes,
- les lymphocytes B, qui produisent les anticorps, des protéines complexes capables de reconnaître et de neutraliser les agents pathogènes de manière ciblée.
Système osseux et système immunitaire œuvrent de concert
En 2016, l’équipe du chercheur américain Sean Morrison identifie chez la souris une population de cellules qui tapissent exclusivement l’extérieur des vaisseaux sanguins, irriguant la moelle osseuse. Ces cellules, sensibles à la pression produite par les mouvements du corps, lors d’une activité physique, synthétisent de l’ostéolectine, une molécule qui stimule la croissance osseuse. De surcroît, ces mêmes cellules produisent un facteur qui maintient la production de lymphocytes. Ainsi, la bonne santé du système osseux est liée à celle du système immunitaire.
Existe-t-il un seuil d’activité physique pour constater des résultats ?
Selon diverses études, l’équilibre est atteint grâce à une pratique régulière et modérée du sport. Cela correspond à trois à cinq séances par semaine, d’une durée d’au moins une demi-heure. En cas d’effort intense et répétitif, la production des lymphocytes augmente très rapidement, puis diminue jusqu’à disparaître une fois l’effort terminé. L’organisme semble se mettre en mode économique, évitant une réaction inflammatoire excessive. Si l’effort est long et intense, le système immunitaire devient inefficace durant les heures qui suivent l’activité. C’est une période de fragilité immunitaire pour le sportif qui doit, dans les heures suivant l’effort, veiller à ne pas prendre froid, à s’hydrater et à se restaurer…
Les bénéfices du sport sont-ils opérants à tout âge ?
Chez les jeunes, les bienfaits de l’activité physique sont multiples et doivent se baser sur le jeu. Le développement de l’endurance et de la force (entre autres habiletés physiques) est essentiel.
Avant la puberté et le développement du système hormonal, rappelons qu’il n’y pas de risque d’hypertrophie. Le développement de la force se fait par un meilleur recrutement spatio-temporel des fibres musculaires. Quant aux efforts dits d’endurance, l’enfant y est tout à fait adapté, notamment par une meilleure capacité oxydative que les adultes et un pourcentage plus élevé de fibres lentes.
Les bénéfices du travail de la force chez l’enfant (d’après Sébastien Ratel)
Avec l’âge, on observe une perte des capacités cardiovasculaires et de force, mais aussi une immunosénescence (affaiblissement du système immunitaire inné et adaptatif) et une ostéoporose. L’activité physique permet de retarder ces phénomènes en adaptant le type de sport, sa durée et son intensité. Avec l’âge, on va privilégier les sports portés, comme le vélo ou la natation, sans oublier la marche qui doit être, dans l’idéal, une activité quotidienne.
Respectons le triptyque activité physique – alimentation – sommeil
Enfin, toute activité physique demeurerait vaine, si elle n’était pas associée à ces 2 piliers fondamentaux de la santé et boosters de l’immunité, que sont l’alimentation et le sommeil. Toutefois, si malgré le respect de ces consignes, l’infection est plus forte que votre immunité, il est déconseillé de vouloir conserver une activité physique normale qui affaiblirait davantage votre système immunitaire. Cependant, on peut conserver une activité physique modérée, en contrôlant principalement son hydratation.
Sources :
Immunité et sport, François Carré. La Presse Médicale Formation, Elsevier, 2020
https://www.passeportsante.net/fr/parties-corps/Fiche.aspx?doc=leucocytes
Préparation physique du jeune sportif – Le guide scientifique et pratique Broché – Illustré, 2018, Sébastien Ratel